Journal de Tan A Rion Mècheblanche, Mittleresdorf, jour 12
Mon départ s’était passé sans problèmes particuliers. J’avais quitté les miens quelques jours auparavant, et l’ombre apaisante de la forêt commençait déjà à me manquer, tandis qu’à bord d’une embarcation douteuse je suivais le Talabec vers la capitale.Cependant, j’étais curieux de retrouver Marienburg, la cité près de laquelle j’avais grandi et dont je m’étais éloigné durant ces années.
Arrivé à Altdorf, il fut aisé de trouver un navire marchand qui remontait le Reik, emportant avec lui de l’armement de Nuln à destination du grand port.
Les quelques hommes n’étant pas des membres d’équipages se composaient d’un assemblage hétéroclite d’une dizaine de soldats impériaux, un nain rugueux mais débonnaire, et un jeune homme à peine sorti de l’enfance, portant une robe et les attributs de Sigmar.
La suite fut plus mouvementée : une bande de pirates crasseux s’en prit à notre navire, mais nous parvinrent à les repousser, non sans subir une tentative de sabotage en partie évitée par mes deux compagnons de voyage.
L’escale forcée dans un village fluvial, Mittleresdorf, retardait mon voyage de plus de trois jours. Ce délai, de prime fort contrariant, se transforma vite en partie de chasse à l’homme : La fille d’un riche noble en fuite avait causé la mort des villageois chargés de la retrouver. Le récit du seul survivant fut à peine suffisant pour retrouver la piste d’une bande de hors-la-loi, suspectés d’avoir incité la fille à les rejoindre (une histoire d’amour typiquement humaine).
Nous tombâmes sur le cadavre encore chaud du forgeron local qui, après nous avoir cordialement accueilli avait décampé avec pertes et fracas. L’épée rouillée saillant encore d’entre ses côtes ne présageait rien de bon quant à l’identité de ses meurtriers…
La piste nous conduisit dans une cavité à flanc de rochers, dans laquelle ne restaient guère plus que des cadavres humains éparpillés. Le présumé “amoureux” de la jeune humaine, encore vivant, put nous renseigner sur l’attaque. Les skavens, ces immondes créatures, avaient creusés leurs galeries à travers toute la colline.
Après avoir croisé leur logis nauséabond au centre du labyrinthe de leurs terriers, la piste nous mena à l’air libre, en pleine forêt.
Les rats s’étaient arrêtés et nous prirent en embuscade, mais quelques flèches et coups de marteau mirent fin à leurs pitoyables existences. La jeune disparue fut libérée et ramenée au village, mais son ventre montrait tous les signes d’une grossesse avancée et très anormale.
Nous questionnâmes son père au sujet de ses rapports avec les hommes-rats : les seuls mots intelligibles du chef des bêtes indiquaient que la fille était un don aux sombres puissances. Le père, adoptif, y était sans doute pour quelque chose…
Nous n’eurent pas le temps de pousser l’interrogatoire, car les skavens envahissaient la maison, sans doute en représailles. Nous les abattîmes jusqu’au dernier.
Le jeune initié Sigmarite se rua sur le noble après avoir été témoin de ses talents magiques. Je dus bien malgré moi lutter pour ma vie, alors que les anciens alliés étaient maintenant ennemis.
A peine le combat achevé, nous allâmes prévenir le guet, qui attesta la sorcellerie du noble au vu de son laboratoire secret.
La jeune fille, laissée dans les faubourgs sous la garde du prêtre du village, nous réserva une macabre surprise à notre retour : les paysans avaient été à demi dévorés par la chose hideuse qu’elle était devenue. Je dus faire appel à la force d’Isha et de Kurnous réunie pour soutenir l’horreur de cette vision : une abomination noire et tentaculaire, au ventre distendu et garni d’une gueule béante, se tenait à la place de l’infortunée humaine.
Fort heureusement, le combat qui s’ensuivit ne causa que la mort de l’horreur chaotique, qui retourna dans les abysses qui l’avaient vu naître.
Mes deux compagnons d’armes firent preuve de bravoure, et je dois avouer que leur compagnie ne m’est plus aussi indifférente qu’aux débuts.
Ce qui s’était annoncé comme un voyage sans histoire se révélait mouvementé, non que ce fut pour me déplaire, et le dépaysement annoncé me replongeait au contraire dans l’excitation de la bataille…
Nous repartîmes à deux pour Marienburg, notre compagnon nain ayant eu l’amabilité de nous fournir quelques pièces d’équipement, en même temps qu’il prenait possession de la forge à l’abandon.
Je sentais que j’étais loin d’être au bout de mon périple, et que de sombres nouvelles pourraient bien nous attendre…
Qu’importe, j’aviserai une fois ma mission accomplie…